Voici un extrait de l’article redigé suite à l’interview de Françoise Wilhemi de Toledo par jean-claude Noyé.
les effets indésirables du jeûne sont bien « peu de chose en regard de tout le bien-être physique et émotionnel que le jeûne engendre. Pourquoi ? Parce qu’il entraîne un changement métabolique en mobilisant l’énergie stockée dans les tissus adipeux du corps humain.
Le métabolisme passe dès lors de la consommation de glucose à celle des graisses et des cétones. Ce changement a été attesté dans l’étude par la présence permanente de corps cétoniques dans les urines.
Ces derniers, synthétisés par le foie à partir des graisses, peuvent contribuer jusqu’à 60 % des besoins énergétiques du cerveau. Ce carburant alternatif maintient donc la fonction cérébrale tout en épargnant les protéines et donc les muscles. Et il induit quantité d’effets. »
Lesquels, par exemple ?
F. W. de T. Le jeûne a une répercussion très positive sur les maladies métaboliques. Il a normalisé la tension artérielle des jeûneurs et amélioré les paramètres du diabète, tels que la glycémie et le HbA1c, améliorant ainsi de nombreux facteurs contribuant à la santé cardiovasculaire. Dans 84 % des cas, il a amélioré l’état de personnes souffrant d’autres maladies graves, telles la stéatose et l’hypercholestérolémie. Il a aussi considérablement réduit leur fatigue. Le jeûne peut aussi corriger l’obésité s’il est effectué à espaces réguliers et sous contrôle. Précision utile : 93 % des sujets étudiés n’ont pas eu faim pendant le jeûne.
Quel est son impact sur les maladies inflammatoires ?
F. W. de T. L’arthrite et la polyarthrite, les allergies, l’asthme ou les maladies digestives telles que les colites ou les gastrites évoluent positivement, parfois même elles sont guéries définitivement. Les substances en excès comme les graisses sanguines, le sucre, l’acide urique, certaines structures et protéines pathologiques sont, de fait, brûlées dans le feu métabolique nouveau que provoque le passage du corps en mode « autodigestion » ou « autophagie », et par la production concomitante d’hormones telles que le glucagon ou l’hormone de croissance STH, ainsi que la baisse de l’insuline. D’autres substances en excès peuvent aussi être éliminées par la stimulation des fonctions rénales, intestinales et respiratoires.
Sur le plan psychique, que se passe-t-il ?
F. W. de T. Mark Mattson, un neuroscientifique qui a étudié le vieillissement du cerveau, considère le jeûne comme une arme pour prévenir la maladie d’Alzheimer, la démence et la perte de mémoire. Le jeûne induit en effet, au même titre que le sport, la production de BDNF (brain-derived neurotrophic factor). Ces protéines ont un double effet : elles augmentent le nombre de mitochondries, génératrices d’énergie de notre corps, dans les cellules nerveuses et produisent de nouveaux neurones dans l’hippocampe. Elles participent aussi à l’amélioration de l’humeur. La production de BDNF s’accompagne, par ailleurs, du renforcement de la sérotonine, appelée « hormone du bonheur ».
Iriez-vous jusqu’à dire que le jeûne a des effets anxiolytiques et antidépresseurs ?
F. W. de T. Certainement. Lorsque des douleurs articulaires ou des problèmes de peau diminuent spontanément en peu de temps, ou quand une hypertension se normalise, la personne ressent un espoir nouveau en découvrant ses propres forces de guérison, et même un sentiment d’euphorie. Le jeûne est aussi une occasion privilégiée d’interrompre des comportements addictifs (excès d’alcool, de tabac, de café, suralimentation, etc.) ou de baisser son stress en prenant du recul. Le sentiment de liberté intérieure qu’on éprouve alors ne peut qu’aider les individus à retrouver l’harmonie. Enfin, au cours d’un jeûne, les organes digestifs étant mis au repos, la flore intestinale tend à se normaliser car les bactéries pathologiques ne reçoivent plus de nourriture. Ce milieu intestinal et son microbiote, appelé aussi « deuxième cerveau », envoie alors des informations rassurantes au système nerveux central. D’où une sensation de plus grand apaisement et une propension accrue à porter un regard positif sur la vie.
Selon le Dr Otto Buchinger, « pendant le jeûne, le corps va bien, c’est l’âme qui a faim »…
F. W. de T. Ce médecin a compris que le jeûne permet une dématérialisation propice à ressentir le besoin d’une expérience intérieure. Aux nourritures matérielles, il convient donc de substituer les nourritures spirituelles que nous offrent la prière, la méditation silencieuse, la lecture de textes sacrés ou de poésie, une promenade en forêt, la musique, etc. Tout ce qui nous aide à faire silence, à prendre du recul avec notre vécu ordinaire est bienvenu. Mais aussi tout ce qui nous rapproche des autres, nous rend solidaire d’eux. De fait, les grandes traditions spirituelles ont toujours associé le jeûne, la prière et les gestes – petits ou grands – que l’on fait pour aider ceux qui sont dans la difficulté. »
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